La Chapelle de l'Immaculée

Nous faisons ici une excursion inhabituelle vers un lieu situé en-dehors de l'enceinte de la Cathédrale, mais qui y reste indissolublement lié : il s'agit de la chapelle de l'Immaculée Conception, également connue sous le nom de chapelle des Minimes. Nichée au fond de la petite rue Malherbe, peu connue des Nantais eux-mêmes, cette petite chapelle récemment restaurée et rouverte au public en 2011 est située à deux pas de la Cathédrale ; elle mérite d'être mieux connue, et tout visiteur qui apprécie la Cathédrale sera également touché par la visite de cette remarquable chapelle gothique. Un plan est disponible en bas de cette page pour vous permettre de repérer son emplacement dans la ville.

La nef vue du chœur

La chapelle Saint-Antoine-de-Padoue, volonté de François II

François II, dernier duc de Bretagne et père de la duchesse Anne, émet en 1469 le vœu de faire construire une chapelle à la mort de sa première femme, Marguerite de Bretagne, afin d'y accueillir sa sépulture. À cette époque, la nouvelle Cathédrale, celle que nous connaissons actuellement, est déjà bien avancée puisque ses travaux ont débuté 35 ans auparavant. Le lancement des deux édifices est donc quasi-contemporain, ce qui explique l'unité de style qu'on y trouve encore aujourd'hui, bien que la chapelle ait connu diverses périodes de construction, d'extension et de rénovation.

Initialement, François II fait dédier la chapelle à Saint Antoine de Pade (ou de Padoue), que Marguerite vénérait particulièrement. Les travaux, peut-être dirigés par Mathelin Rodier qui s'occupait déjà de ceux de la Cathédrale et du nouveau logis du château, vont durer jusqu'en 1481.

La chapelle des Minimes

L'ange en façade portant un phylactère

François II souhaite alors y installer les frères Minimes, dont l'ordre a été récemment créé par le (futur) saint François de Paule. Diverses vicissitudes vont retarder cette implantation, qui ne sera officiellement faite qu'en... 1602 ! La chapelle y gagne toutefois son nom de chapelle des Minimes, encore souvent usité aujourd'hui. La devise de l'ordre, « Caritas », est notamment très visible au sommet de la façade occidentale. On note que de nombreuses extensions architecturales ont lieu dans les décennies suivantes, jusqu'à la fin du XVIIè siècle.

La fièvre révolutionnaire du siècle suivant ouvre une période de désolation pour la chapelle, qui est employée à diverses fonctions : brasserie, tannerie, serrurerie, grange... Des dégradations importantes sont commises, et même après l'époque révolutionnaire le bâtiment menace de tomber en ruine complète. Des gravures et textes du milieu du XIXè siècle sont éclairants à cet égard.

La chapelle de l'Immaculée Conception

C'est en 1849 qu'advient un tournant décisif : le diocèse procède au rachat de la chapelle afin d'y établir un sanctuaire marial. L'époque y est certes très favorable (religieusement parlant), mais surtout un homme porte à bout de bras ce projet immense de réfection de la chapelle : il s'agit de l'abbé Lusson, qui y consacrera une énergie considérable avec une grande efficacité. Les artisans de ce sauvetage sont souvent les mêmes que ceux qui travaillent ou travailleront à achever la Cathédrale : l'architecte Théodore Nau, le sculpteur Thomas Louis, le facteur d'orgues Debierre sont ainsi réunis.

En 1855, les missionnaires de Saint François peuvent s'installer dans les lieux, et la chapelle est désormais placée sous le signe de l'Immaculée Conception. Une seconde campagne de restauration achève le bâtiment au fil des années 1870.

Le XXè siècle n'épargne pas la chapelle, car les bombardements de juin 1944 lui causent de sérieux dommages, notamment aux vitraux. Mais des efforts importants sont consentis pour réparer les dégâts dès l'après-guerre. Néanmoins, le passage du temps fait son œuvre et l'état du bâtiment est à nouveau préoccupant à la fin du siècle. Mais le début du XXIè siècle voit renaître une volonté de redonner à la chapelle sa splendeur passée, une fois encore en liaison avec la Cathédrale voisine dont les restaurations s'avèrent spectaculaires ; en 2011, la chapelle est enfin rouverte au public. Tout visiteur peut aujourd'hui y accéder le mercredi après-midi.

Décor étoilé peint sur une voûte

Davantage d'informations sont disponibles sur un site Internet dédié à la chapelle. Je recommande par ailleurs la lecture d'un petit livre collectif sur la chapelle, édité à l'occasion de l'inauguration de 2011, richement illustré et qui traite notamment des très beaux vitraux (voir bibliographie).

 


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