La datation des façades
Paul Vitry, conservateur des sculptures du Louvre, écrivit en 1901 un ouvrage important sur « Michel Colombe et la sculpture française de son temps » dans lequel il situait la réalisation des sculptures de la façade entre 1470 et 1480, assez tard dans le siècle donc.
De son côté, l'écrivain Prosper Mérimée avait déjà, en 1836, placé ces travaux d'art en fin de XVè siècle. Il affirmait dans son livre « Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France » en avoir trouvé la preuve « dans les archives de la mairie ». Pourtant, on ne retrouve aucune trace de travaux sur la façade datés de cette époque dans les archives municipales.
Une confusion dans les archives
En fait, il semble bien que Mérimée (et, visiblement, P.Vitry à sa suite) ait été abusé par la mention effectivement archivée de travaux de sculpture sur la « porte » St Pierre, ce qui correspond en réalité à la porte dans les remparts adjacentes à l'église, et non au « portail » St Pierre de la façade. L'expression « portal de sainct Pere » (sic) apparaît donc bien dans les registres de la ville, mais pour des travaux s'étendant de 1478 à 1482 : d'où, on le voit, cette datation tardive et erronée des sculptures de façade.
On lira avec profit la belle démonstration de Jean-Marie Guillouët sur cette question, ainsi que sa conclusion, qui ramène finalement la période de ces sculptures aux années 1455-1465. (voir biblio.)
Si ce point mérite d'être débattu, ce n'est pas pour le simple plaisir intellectuel de la recherche historique, mais bien pour comprendre en quoi ces oeuvres ont pu être sous-évaluées (y compris par d'éminents spécialistes) puisque mal remises en contexte.
D'autre part, on peut ainsi mieux les associer à tels artistes (ou, au contraire, exclure l'intervention de tels autres).
Enfin, on a tout intérêt à bien cibler les dates d'exécution de travaux dont le sens politique est souvent intimement lié au sens religieux (voir la page sur l'accès au pouvoir de Jean V). Ce qui est sculpté au milieu du XVè siècle n'a ni le même sens, ni la même portée que ce qui le sera en fin de siècle.
